Welcome to the planet

- Allez madame vous y êtres presque ! Je vois la tête !

La jeune femme blonde allongée dans le lit paraissait au bord de l’évanouissement, et pourtant elle souriait. D’un sourire rêveur et remplit de joie à la fois. C’était sans doute le plus beau jour de sa vie. Elle allait être là, enfin ! Après neufs longs moins d’attente, elle pourrait enfin voir son petit bou’. Dans un dernier hurlement Jade mit on monde son premier enfant.

- C’est une jolie petite fille, hurla la Sage femme qui emballait déjà le nourrisson dans une serviette.Félicitations !

Son collège se chargea de déposer le nouveau né dans un berceau et de noter la date et l’heure de la naissance. Dehors la nuit était tombée sur Paris. Il faisait encore bon dehors et le ciel était dégagé, on pouvait y apercevoir la lune qui était pleine et un millier de petites étoiles scintillaient. Un sourire radieux aux lèvres, l’Infirmière déposa délicatement le nourrisson dans les bras de sa mère

- Vous avez fait un très beau travail, elle est ravissante.

La jeune femme tout juste âgée de vingt ans leva une seconde les yeux vers la Sage femme avant de reporter l'attention sur la petite chose qui pleurait et gesticulait tout contre elle. Sa fille... Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et une larme solitaire roula sur sa joue. Elle avait ses yeux, bleu gris déjà si envoutant et elle avait les yeux de cet homme, celui qui l'avait quitté lorsqu'il avait appris que tout le deux, ils allaient devenir parents. C'était une erreur, ou du moins, un accident. Jade avait d'abord été terrorisée. Et puis il y avait eu sa mère, celle qui avait toujours été là pour elle et qu'il l'avait soutenu. La jeune femme avait donc annoncé la nouvelle à son petit ami, qui terrorisé lui aussi avait fuit. Trop effrayé, trop lâche. C'est là que les doutes étaient apparus. Le garer ou ne pas le garder. Lorsque Jade avait appris qu'elle allait avoir un enfant elle s'était imaginé surmonter cette épreuve avec William et pourtant... La jeune femme avait longtemps hésité, accoucher sous X ? Le garder ? C'est lorsqu'elle avait vu une mère et son enfant jouer dans un parc qu'elle avait choisir de garder son enfant et lorsqu'elle voyait à quel point sa petite fille était belle, à quel point sa vie venait de changer et tournerait désormais autour de ce petit bou de chou, elle était certaine d'avoir fait le bon choix.

La sage femme qui regardait la jeune mère et son enfant attendrit posa une main réconfortante sur l'épaule de Jade.

- Comment allez-vous l'appeler ? Murmura-t-elle doucement.

Jade ne quitta pas sa petite des yeux. Elle se contenta de passa son doigt dans la minuscule main de sa fille qui le serra doucement. Son sourire s'agrandit.

- Emilia... Emilia Apolline Rousseau

La sage femme sourira à son tour.

- Bienvenue parmi nous Emilia...

Light up light up as if you have a choice

Tous ces gens en costumes noirs, qui chuchotaient ou pleuraient, toute cette tristesse c'était insoutenable, insupportable. Emilia avait envie d'hurler de crier. Elle n'aimait pas ça, elle ne voulait pas de cas. Voir cette boite en bois dans la terre lui nouait l'estomac, lui donnait la nausée. Et pourtant elle ne pleurait pas... elle n'avait plus pleuré depuis deux jours, depuis qu'elle l'avait vu, à la morgue. Pas une larme, pas un cri. Depuis le jour où sa mère avait quitté ce monde, d'une manière extrêmement cruelle, Emilia ne mangeait plus, ne riait plus, ne respirait plus, ne vivait plus. Qui avait-elle maintenant ? Personne. Elle était seule, totalement seul. A seize ans. Ces camarades de classe avaient beau être là, ses grands-parents aussi. L'adolescente se retrouvait quand même toute seule, abandonnée par celle qui comptait le plus pour elle, sa mère.

Le pasteur fini son discours et invita les gens à lancer une rose blanche dans la tombe. Emilia ne bougea pas d'un millimètre, le regard toujours fixé sur le cercueil en terre. Jeter une rose là dedans, c'était accepter et ça, elle ne pourrait jamais le faire. Elle regarda ses proches, ses amis, des gens qu'elle ne connaissait même pas jeter une fleur dans la tombe de sa mère. Elle non plus elle n'aurait pas voulu ça. Jade elle n'était pas comme ça... Une fois que tout le monde eu jeté sa fleur dans la tombe, Emilia prit une grande inspiration avança de quelques pas vers le trou, prit une grande poignée de terre dans sa main gauche qu'elle lança sur le cercueil. A nouveau, toutes les personnes présentes firent de même.

La brunette recula de quelques pas un posa son regard chocolat sur sa grand-mère qui était secouée par les sanglots. Sa gorge se serra, des fourmis lui parcoururent les jambes. D'un pas tremblant la jeune fille s'avança vers sa grand-mère et une fois arrivée vers sa hauteur elle lui prit doucement la main dans la sienne. Maintenant, elles devaient se soutenir.

Rose serra de toutes ses forces la main de sa petite fille dans la sienne. Une larme roula sur la joue d'Emilia. Un oiseau chanta, là haut au-dessus d'eux sur une des grandes branches des hêtres qui bordaient le cimetière. La jeune femme sourit légèrement. C'était une mésange, les oiseaux préférés de sa mère.

Life is beautiful;

Nouveau départ, nouvelle vie nouveau pays. C'est ce qu'ils disaient tous. C'est ce qu'ils pensaient tous. La joie revenait petit à petit, les sourires aussi. Ils devaient avancer, continuer être fort. C'était d'ailleurs le but de ce déménagement chez ses grands-parents en Angleterre... Comme elle l'aurait voulu. Avec un petit soupire de soulagement, Rose posa le dernier carton sur le sol et balaya la pièce du regard avant de lancer un petit regard à sa petite fille. Emilia était assise sur le lit, son nouveau lit. Tout était nouveau. Les meubles, les murs, la maison, le quartier, la ville. C'est ce que sa mère avait dit lorsqu'elle était née à sa mère. « Si un jour il m'arrivera quelque chose... je voudrais que ce soit toi qui prenne soins de ma petite Em. Sans toi, elle ne serait pas là aujourd'hui. »

C'est ce que Rose avait fait. Elle s'était occupée de la paperasse, de l'inscription au lycée d'Emilia. Son mari s'était chargé de modifier le bureau en chambre d'adolescente et c'était plutôt réussit. C'était même très réussi. Rose avança de quelques pas vers le lit et s'assit près de sa petite fille. Elle posa une main sur celle de la brunette. Emilia appuya doucement sa tête contre l'épaule de sa grand-mère et murmura un petit « Merci... pour tout. ».