Ecrasant le mégot de sa cigarette dans le cendrier, Spirit se leva et paya sa consommation, avant de quitter le bar. Comme chaque matin, il s’était levé tôt, avant Victoria, sa colocataire, et avait rejoint quelques amis pour une bière ou deux avant même le petit-déjeuner. Cette première étape de sa journée passée, il monta sur sa moto afin de se diriger vers le Starbuck de la ville histoire d’acheter un bon café et quelques beignets. Enfin, il rentra à l’appart’ pour retrouver Vicky… qui dormait toujours. D’ailleurs l’une de ses bestioles qui ressemblait à un chien croisé avec un alien vint traîner dans ses pattes et, en râlant, Spirit le repoussa d’un léger coup de pied. « Allez casse-toi le monstre. » Probablement, le clebs désirait le contenu du sachet que Spirit tenait entre ses mains, ce fut pourquoi il ne bougea pas d’un poil. Soutenant le regard de chien battu de la bête, le bel homme lâcha « T’as la dalle c’est ça ? Figure-toi que moi aussi. Je voudrais bien te donner à manger mais tu vois t’es pas à moi, t’es à cette feignasse, alors secoue-toi et va la réveiller ! » Evidemment, Eliott comprit le message et il se jeta sur la pauvre femme qui dormait, enfoncée sous sa couette, pour la couvrir de léchouilles. Réprimant un fou rire, Spirit se racla la gorge et il utilisa un ton très sensuel « Oh oui… t’aimes ça que je te lèche comme ça… ça t’excite pas vrai ? Vas-y, gémis mon nom… » Ouais en gros, il voulait donner l’impression à sa chère colocataire qu’il était lui-même en train de la couvrir de caresses et de baisers bien baveux (il aurait adoré le faire d’ailleurs). Disons que ça aurait le don de la réveiller, et son plan fonctionna puisque la seconde qui suivit, Vicky avait les yeux ouverts. « Hm enfin. Oh la tronche que t’as, qu’est-ce que tu es allée faire hier soir ?! » Ca sentait la gueule de bois à plein nez, et quelque part, Spirit était jaloux, puisqu’il n’avait pas fait partie de sa soirée à elle, et il l’imaginait très bien danser contre un autre mec ou même une femme. Enfin, il secoua la tête pour chasser ses pensées parasites et il se redressa en esquissant un sourire. « T’as trente secondes pour te lever, j’ai rapporté le p’tit-déj’ de chez Starbuck. » Ces mots-dits, il tourna les talons et s’installa à table dans la cuisine. Evidemment, il s’alluma une cigarette en attendant qu’elle revienne. Ca allait gueuler…

Spirit fait partie de ce genre de personne capable de dormir dans toutes situations, il peut y avoir un marteau-piqueur ou une radio à côté de leur oreille que ça ne leur ferait rien. Raison pour laquelle il n’avait même pas ouvert un œil lors du passage de Victoria dans sa chambre. Apparemment, cette dernière n’y était pas allée mollo sur la boisson, contrairement à ce cher Spirit qui, lui, est plutôt raisonnable. Généralement quand il sort de son job, il se rend au bar du coin pour discuter avec ses amis autour d’une ou plusieurs bières. De temps en temps, il recontacte quelques anciens mannequins et organise des soirées plus longues et plus intenses. Mais d’habitude, sa petite dose bière/potes comme il l’avait fait la veille, et ce matin encore, ça lui suffit largement.

Rentré depuis quelques minutes à présent du Starbucks, Spirit s’empressa de réveiller sa colocataire, en la mattant bien au passage. Ses longues jambes auraient pu rallumer la flamme d’un vieil homme sans être shooté au viagra ! Son ventre plat était légèrement à découvert, puisque son débardeur s’était un peu relevé et sur le coup, le jeune homme n’eut qu’une seule envie : couvrir son nombril de baisers et retirer ce vêtement de trop pour s’attaquer à sa poitrine. Patience Wade, patience, ce moment arrivera où tu pourras réaliser ton fantasme… Il secoua la tête pour évacuer ces pensées obscènes et il agita une dernière fois Victoria. « Allez debout Vicky. » Une fois installé devant le sachet de papier brun encore chaud qu’il avait rapporté, Spirit prit son briquet et une cigarette de son paquet, avant de l’allumer, en tirant une longue bouffée. Il n’avait pas obtenu de réponse à sa question et ça l’agaçait : il aurait tellement voulu être son homme. Son mec, pas juste son meilleur pote avec qui elle baise quand elle est manque d’affection, non, il aurait voulu être celui qui partage la plupart de ses nuits, celui qui compte plus que tout pour elle. Il voulait qu’elle ressente ce qu’il ressent lui à son égard. Les mains baladeuses de la belle jeune femme le tira de ses pensées et il ferma les yeux avant de tirer une nouvelle latte sur sa clope et de recracher la fumée en soupirant. Il ouvrit la bouche, prêt à lui lancer une petite vanne pour la taquiner, mais elle laissa son torse en paix pour aller s’occuper de ses animaux domestiques. Spirit grogna en écrasant le mégot de sa clope dans le cendrier posé face à lui. « Sales bestioles. » Il poussa un nouveau grognement lorsque la belle se pencha au-dessus de lui pour l’embrasser sur la joue. Cependant, elle tomba sur ses lèvres et avant que le jeune homme, complètement à côté de la plaque, n’obtienne le temps de répondre, elle s’écarta et lui prit la main. Voilà, c’était la raison pour laquelle il l’aimait mais il la détestait à la fois. Il la détestait de savoir ses sentiments sans lui donner une réponse concrète. Il la détestait de savoir ses sentiments mais de continuer son jeu avec lui. Il la détestait pour toutes ces caresses et baisers qu’elle lui volait, qui avaient le don de le rendre dingue d’elle. Et bien sûr, il la détestait d’être aussi attirante, parfaite à ses yeux. Il lui pardonnait tout. Et en prime, il acceptait tout ce qu’elle voulait, comme s’il était son vulgaire jouet. Après un moment d’hésitation, Spirit répondit « Ca va. » Tout simplement. Il avait été soulagé par sa réponse. Il retira sa main de la sienne, gêné, et il ouvrit le sachet et en sortit plusieurs donuts, il en tendit un à Victoria « Alors, t’as envie de faire quoi aujourd’hui ? Une sortie peut-être ? Ou tu préfères flâner à l’appart’ ? Moi j’ai rien de prévu alors quoique tu veuilles, je te suis ! »