« Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. »

Vie de Merde. Dès que tu t'es levée, tu as senti que ce n'était pas le jour. Principalement quand, en te levant, tu as trébuché sur Trigger qui avait décidé de dormir par terre et que tu es tombée sur la table basse - pas débarassée. Le tout assorti du fait que tu as ce faisant cassé un verre et que tu t'es magnifiquement entaillé le doigt. Puis lorsque tu as voulu prendre un café, ta machine était en panne. La poisse s'acharnant toujours sur les mêmes, tu as découvert que ton chien adoré avait dévoré tes baskets. T'es-tu levée du pied gauche pour qu'une telle cascade de malchance t'accable ? Mais devoir de maître oblige, tu as dû tout de même sortir cette adorable bête qui t'avait déjà pourri la journée à lui tout seul. Envie ou pas envie, c'est comme ça. Heureusement que tu l'adores ton chien hein ? Il te rend la vie tellement plus facile... Surtout ce matin. D'autant que Môssieu n'ayant pas apprécié le malencontreux coup de pied que tu lui as donné en trébuchant sur lui, il ne veut pas se laisser attraper. Comment ça Vie de Merde ? Oui. Mais tu l'as déjà dit.

Une fois la bataille gagnée, vous êtes partis. C'est ainsi que chaussée de converses rouges, coiffée d'un chapeau noir, et vêtue d'un jean avec un top noir et une cravate accrochée à un faux col de chemise, tu marches, tenant en laisse un magnifique berger blanc suisse qui te fait la tête. Les rues sont presque désertes. Il faut dire qu'un dimanche à six heures du matin il n'y a pas grand monde... Alors tu chemines en silence jusqu'au parc, au départ de mauvaise humeur. Mais l'aurore éclatante et ses rayons d'or éclairant la rue font bien vite fondre ta colère et celle de Trigger s'améliore en même temps. C'est ainsi qu'en quelques minutes tu passes d'une humeur exécrable à une humeur radieuse. Comme le font les enfants. Tu fredonnes à présent. « So, so what ? I'm still a rockstar ! » Tu ne chantes pas extraordinairement bien mais ce n'est pas grave. Il n'y en a pas besoin, c'est juste une chanson de bonne humeur. Façon de dire. Tu as tout de même l'air plutôt ridicule à fredonner en gambadant dans les rues à l'aube. Enfin ce n'est que mon humble avis de conscience. J'dis ça.. j'dis rien quoi.

Puis vous arrivez au parc, vous passez les grandes grilles dorées ouvertes. Il semble bien qu'il n'y ait personne. Heureuse de cette coïncidence - appelons ça comme ça à défaut d'un meilleur qualificatif - tu t'accroupis et retires la laisse de Trigger. Après lui avoir fait donner la patte droite puis la gauche, tu le laisses enfin courir à sa guise. Tu continues de chantonner. En fait tu chantes carrément maintenant. Il n'y a personne de toute façon.Tu te mets à courir derrière ton chien. Il n'est plus qu'une boule de poils blanches qui avale les mètres à fond de train. C'est là que tu te rends compte qu'il y a quelqu'un justement. La silhouette est debout à priori c'est un homme mais de loin et en contre-jour tu ne distingues pas son visage. Tu cours plus vite, tu enclenches la quatrième vitesse mais c'est déjà trop tard. Trigger dans son enthousiasme, a sauté sur l'inconnu. Il doit aimer son odeur parce que c'est visiblement pour lui faire la fête qu'il l'a ainsi bousculé. Sauf que voilà l'homme est par terre. Lorsque tu arrives enfin vers lui, essoufflée, tu t'excuses.

▬ Désolée. Il a l'air de beaucoup vous aimer.

C'est vraiment une journée de merde, hein ?