« Tu finiras par nous détruire, Handréas... Et je ne t'aime pas assez pour encourir ce risque avec toi. »

Comme je l'aime quand elle ment. Comme elle cligne des yeux si souvent, je peux voir qu'elle ne dit pas la vérité. Mais pourtant j'ai mal, j'ai beaucoup trop mal pour que ce soit un mensonge pur et dur. De dit-on pas qu'il n'y a que la vérité qui blesse ? Est-ce la vérité ? Est-ce que je vais nous détruire ? Et pourtant j'aurais donner ma vie pour elle, j'aurais volé l'or du monde pour elle...Est-ce qu'elle part vraiment ? Est-ce qu'elle va vraiment me laisser me détruire tout seul ? J'ai mal et pourtant je ne bouge pas, c'est peut-être parce que je fais de l'ataxie, ou parce que je n'ai pas envie ? Non ce n'est pas de l'ataraxie, parce que j'ai trop mal, parce que le monde s'écroule sous mes pieds, parce que plus rien n'a de sens maintenant. Alors pourquoi je ne dis rien ? Pourquoi je ne bouge pas ? Pourquoi je ne la supplie pas de me pardonner et de rester, de m'aimer toujours ?

Parce que je suis un con. Et ça ce n'est pas une nouveauté. La connerie à toujours fait partie intégrante de moi. Pourtant je ne suis pas un Méchant garçon, je suis gentil, attentionné et tout le reste. Je ne suis pas traumatisé par une quelconque enfance triste et démoralisante, qui à chaque fois qu'on la raconte suscite les pleurs du public. Non, je suis quelqu'un de bien, j'ai tout pour être heureux: de la famille, des petites soeurs, des amis, de l'argent, de la volonté, de l'ambition, un soleil. Soleil qui est sur le point de me laisser ternir dans le froid de la noirceur.

Mais je reste là sans rien dire. Elle pleure... Je n'aime pas quand elle pleure, parce que ça me donne envie de pleurer aussi. J'ai envie de l'embrasser et pourtant je ne bouge pas. Mais je l'ai mérité. Je bois, je fume, je me drogue, je couche, je lui fait du mal. Comme personne avant. Je la blesse, je la heurte au plus profond, je la détruis à petit feu. Pourtant je sais que je suis malade, et je me fais mal, je me tue encore un peu plus. Je me plante des lames dans mon coeur qui ne pourront être retirées que si je le veux bien. J'ai mal... Je crois bien, que je vais me détruire encore plus, combattre la douleur par la douleur. Le mal par le mal.

Elle pleure, je vois ses larmes couler, j'aurais bien prit une photo... Capturer les moments les plus beaux mais aussi les plus douloureux, c'est ça que je veux faire. Mais le moment n'est pas le plus approprié pour cela.

Alors je reste là, assis comme un idiot au bord de la table, un verre d'alcool à la main et une cigarette fumante dans l'autre. Je la regarde s'avancer vers moi, je sens une dernière fois ses lèvres sur les miennes, et je la vois quitter notre maison, nos souvenirs. Je la vois quitter ma vie. Et je sens en moi, que la douleur fera partie intégrante, maintenant, du reste d’existence qu'elle m'a laissée.