« Il était une fois », début de phrase très idyllique provenant en règle générale d’un conte de fée. Cette phrase a fait rêver plus d’une petite fille, n’est-ce pas ? A vrai dire, je suis sûre que vous qui lisez ces mots, aussi, vous en aviez rêvé. Ella n’est pas l’exception qui confirme la règle. Elle aussi à rêvé d’être une princesse, vêtue d’une somptueuse robe. Elle aussi à rêvé qu’un jour, un prince viendrait la délivrer, la sauver d’un mal quelconque qui rôdait sur elle. Et vous savez quoi ? Elle continue d’y croire. Elle continue de croire que tout le monde trouve chaussure à son pied, et qu’il n’y a qu’une seule et unique personne faite pour chacun d’entre nous. Son prince. Et les autres dans l’histoire ? Au final, ils ne sont que des figurants. Un chapitre de la vie de chacun, mais jamais le personnage principal, jamais celui avec qui l’héroïne finira sa vie. Oui, elle croit toujours que son prince charmant se cache quelque part. En vérité, elle pensait l’avoir trouvé, mais… Se trompait-elle ou non ? Bonne question. Bref, il est temps de vous raconter l’histoire de sa vie.

C’est un certain 7 février que la petite Ella Janis Huxley pointa le bout de son nez, pour le plus grand plaisir de ses parents bien entendu, et du reste de la famille, à savoir ses trois frères aînés. Janis, la maman de la petite fille, avait souffert durant des heures. La pauvre… Mais au final, elle avait été bien récompensée puisqu’enfin, elle pouvait tenir sa fille dans ses bras. De son côté, Joshua était ému. Sa fille était enfin là, en chair et en os, avec eux, après neuf mois d’attente insoutenable. Oui, ce 7 février était le plus beau jour de la vie des Huxley. Inutile de vous raconter que pendant les semaines et les mois qui suivirent, Ella leur en fit voir des vertes et des pas mûres. A croire que ça l’amusait de ne pas les laisser dormir. De plus, elle avait tout le temps faim, et voulais toujours être prise dans les bras, comme n’importe quel bébé d’ailleurs. Enfin bref, ses premières années de vies se déroulèrent totalement normalement. Elle apprit à marcher, à parler, à faire ses besoins sur un pot, à ne pas manger ses jouets, etc… En résumé, elle se comportait comme n’importe quelle petite fille. Son entrée à l’école se fit tout à fait normalement, et c’est à partir de ce moment que la fillette se découvrit au fur et à mesure une soif de savoir grandissante. Elle ne cessait de poser des questions à sa maitresse d’école lorsque celle-ci commençait à leur expliquer quelque chose. Elle jouait avec les autres enfants lors de la récréation, et s’amusait tout en apprenant lors des autres heures. Bref, rien d’anormal.

La famille Huxley ne roulait pas sur l’or, mais ce n’est pas pour ça qu’ils n’étaient pas heureux, bien au contraire. Et puis, ils vivaient comme tout le monde, avec leurs moyens, et cela suffisait largement. Ce qu’il lui fallait, c’était simplement de l’amour. Rien de plus, rien de moins. L’amour de ses parents, de ses frères, de ses grands-parents, de sa famille en général, suffisait à la remplir de bonheur. Lorsqu’elle eut six ans, pour son anniversaire, la fillette reçue alors un petit cahier, qui n’allait pas tarder à lui servir de journal intime, accompagné d’un livre. C’est de là qu’est né ce culte pour le prince charmant, et cet amour pour la littérature, et l’écriture. Les deux vont de paire avec elle. Après avoir déposé un baiser sur la joue de chacun de ses parents, la fillette fila dans sa chambre, attrapa un stylo sur le bureau, et se laissa tomber sur son lit. Elle ouvrit alors le petit cahier, et se mit à écrire, spontanément.

« Cher journal,

Maman et papa m’ont expliqués que c’est comme ça qu’on faisait. Dès qu’on t’ouvrait et qu’on voulait te dire quelque chose, il fallait écrire ça. C’est une sorte de formule magique ? Si je ne le mets pas, ça voudra dire que tu révèleras ce que je t’écrirais ? Oh non ! S’il te plait ! Pardonne-moi si un jour je l’oublie, et ne dit rien à personne. C’est entre toi et moi, et rien que nous deux. Juré ? Je vais faire comme si tu me l’avais juré. Je viens de te recevoir, pourtant, je t’aime déjà à un point inimaginable. Moi, c’est Ella. J’ai six ans aujourd’hui même, et je n’aime pas mon prénom. T’as déjà vu une princesse qui s’appelait Ella toi ? Pas moi. Il y a Ariel, Jasmine, Pocahontas – encore que celui-là est bizarre aussi -, Raiponce, Belle, Aurore, Cendrillon, et j’en passe. Et bizarrement, elles trouvent toutes leur prince charmant. Moi aussi j’en veux un ! Tu crois qu’il viendra bientôt ? Il est pas obligé d’avoir de cheval blanc tu sais. Un jour, il viendra, et on se mariera, et on aura beaucoup d’enfants, et on sera heureux. Je serais moi aussi une princesse. Enfin, j’espère. Tu sais, mes copines, elles ont de la chance quand même. Naomi, par exemple, elle a déjà un amoureux. Thomas, pas mon frère hein ! Tu crois que c’est son prince ? En tout cas, Thomas, il est beau. Je l’aurais bien aimé en prince, moi aussi. Et Judith, elle a de la chance parce qu’elle, elle a que des belles robes de princesse. Pourquoi j’en suis pas une moi, hein ? Si seulement…
Je n’ai pas écrit beaucoup aujourd’hui, mais je dois te laisser, papa et maman m’appellent. Bisous. »

Tels furent ses premiers mots dans celui qui contiendrait le moindre de ses secrets. Telle naquit sa passion pour l’écriture.

Les années passent, et la petite fille grandit vite et bien, malgré une drôle de fratrie. C’est vrai qu’ayant trois frères, elle se sentait un peu à l’écart. Ils jouaient ensembles, à des jeux de garçon, et elle se retrouvait seule. Cela dit, elle ne tarda pas à s’imposer, et à jouer avec eux, à ces jeux de garçon, sans pour autant en devenir un. Avec le temps, la petite fille entretient son amour pour les mots. Elle passe la plupart de son temps à la bibliothèque, après l’école, et lit et emprunte des tonnes de romans. Qu’ils parlent d’aventure, d’histoire d’amour à l’eau de roses, de monstres, etc, cela lui est totalement égal. Elle veut juste satisfaire son imagination. Au final, son enfance se passe plutôt bien. Elle est aimée, et c’est l’essentiel. En revanche, l’adolescence allait tout changer…

Non seulement le corps change et se modèle au fur et à mesure, mais la crise d’adolescence pointe le bout de son nez. C’est là que la jeune fille en a fait le plus voir à ses parents. Alors qu’elle était calme étant enfant, la jeune femme va pourtant se dévergonder en un rien de temps. Ella va fréquenter les mauvaises personnes, et changer du tout au tout. Elle va commencer à fumer dès l’âge de treize ans, influencée par ces personnes. Très vite, elle goute également à l’alcool, et sort en douce le soir pour aller s’amuser avec ses « amis ».

JOSHUA ▬ Ella ! C’est quoi ça ? demanda-t-il en lui montrant un paquet de cigarette.
ELLA ▬ Ca, c’est mon paquet de clope, dit-elle en le reprenant.
JOSHUA ▬ Ah non jeune fille, tu ne vas pas t’en tirer comme ça !

Le père de famille quelque peu dépassé par la jeune adolescente, lui reprit son paquet des mains. Mais Ella n’avait pas l’intention de se laisser faire. Ainsi s’engagea entre eux un véritable combat pour ce paquet de cigarette. Pendant près de cinq minutes, le paquet alla de main en main, dans un fond sonore de cris. Finalement, Janis débarqua à temps, et s’empara du paquet, mettant ainsi fin au « combat ».

ELLA ▬ Put*** ! Vous m’faites ch*** tous les deux, hurla la jeune fille, alors âgée de treize ans, avant d’aller s’enfermer dans sa chambre.

L’adolescente passa sa soirée dans sa chambre, sans manger, ni même en sortir. Le lendemain, lorsqu’elle se décida à sortir, elle marcha jusqu’à la cuisine, errant presque comme un fantôme. Ses yeux étaient rouges, signe qu’elle avait pleuré, sans doute une bonne partie de la nuit si pas la nuit entière. Aucun mot ne sortit de sa bouche, bien que Janis et Joshua essayèrent de discuter avec elle. Rien à faire. Ce jour-là, elle partit à l’école sans rien dire. En rentrant, c’était le même cirque. Elle n’adressa la parole à ses parents et à ses frères, qu’une semaine après, lorsque les vacances d’été arrivèrent. C’est donc la joie de la petite fille qui se manifesta face à la pensée du bord de mer. Mais pendant ces vacances, la famille alla consulter un médecin. C’est à ce moment qu’on lui diagnostiqua sa bipolarité. Désormais, elle devrait vivre avec un traitement, histoire d’éviter à nouveau les accidents de ce genre.

Trois ans plus tard, alors âgée de seize ans, la jeune femme rencontre celui qu’elle croit être son prince charmant. Jamais encore elle n’avait vu ce garçon au lycée. Mais ça, c’était tout à fait naturel, puisqu’il venait de débarquer dans le NewCastle. Ella n’hésite pas à aller vers lui et à sympathiser avec ce bellâtre. Oui, il est beau. Et son côté bad boy lui plait. Sans compter qu’avec sa veste en cuir, il a vachement la classe ! Mais, au fil du temps passé aux côtés de son prince, elle se rend compte qu’il n’est en rien un bad boy. C’est juste une impression qu’on a en le voyant pour la première fois. Ella tombe rapidement amoureuse du jeune homme, et tous deux ne tardent pas à se rapprocher. C’est avec lui qu’elle expérimente toutes ses premières fois. Oui, plus le temps passe, plus elle l’imagine comme étant vraiment son prince charmant. Mais tout n’est pas rose. Ella a un caractère bien à elle, et on a parfois bien du mal à la supporter. Même si le jeune homme n’était pas indifférent – amoureux ? Il n’en savait rien, à l’époque, les sentiments et lui ça faisait deux – à son égard, il avait bien du mal à la cerner.

PRINCE CHARMANT ▬ Put*** mais Ella, qu’est-ce que tu veux à la fin ?
ELLA ▬ Des frites ! Oui, je veux des frites ! Là, maintenant, tout de suite !
PRINCE CHARMANT ▬ Tu te fiches de moi là ?
ELLA ▬ Euh… non… Tu m’as demandé ce que je voulais, je t’ai répondu.
PRINCE CHARMANT ▬ J’parlais de nous, pas de... de… frites !
ELLA ▬ Je sais, j’essayais juste de gagner du temps…
PRINCE CHARMANT ▬ Pour ?
ELLA ▬ Te dire quelque chose… Je… Je suis enceinte…
PRINCE CHARMANT ▬ De… De moi ?
ELLA ▬ Non, du pape ! Bah oui, de toi !

Oui, elle était enceinte du jeune homme. Oui, ça posait problème vu qu’ils n’avaient tous deux que seize ans. Autrement dit, ils étaient beaucoup trop jeunes pour avoir un enfant. Tous deux étaient paniqués à l’idée d’être parent. Non, vraiment ce n’était pas possible. Il fallait qu’elle avorte, et sur ce point, ils étaient tous les deux d’accord. Seulement voilà, cette aventure, cette épreuve, jeta un froid entre eux, et peu à peu, ils s’éloignèrent. Lui se rapprocha petit à petit d’une autre fille, une certaine Amanda, ou quelque chose dans le genre, elle s’en fichait au final.

ELLA ▬ C’est qui cette nana ?
PRINCE CHARMANT ▬ Pardon ?
ELLA ▬ L’autre là ! La blondasse en mini jupe, c’est qui ?
PRINCE CHARMANT ▬ Amalia ?

Amalia, voilà comment elle s’appelait ! C’était tellement… Moche comme prénom, que ça ne l’était pas qu’elle ne s’en souvienne pas ! Et puis, Ella mettait sa main à couper que d’ici quelques années, elle finirait par faire de la chirurgie esthétique, celle-là. Mais bien sûr, pour se refaire une nouvelle poitrine, et non pour l’implant d’un cerveau…

ELLA ▬ Si tu veux. C’est qui ?
PRINCE CHARMANT ▬ On n’est pas mariés. J’ai pas de compte à te rendre.
ELLA ▬ T’as couché avec ?!
PRINCE CHARMANT ▬ Tu me gonfles ! Tu sais quoi ? J’en peux plus. Va voir ailleurs si j’y suis. Toi et moi c’est terminé.

Et voilà comment leur couple se brisa, quelques semaines seulement après leur discussion précédente… Ella arrêta les cours du jour au lendemain, et n’a plus le moindre contact avec lui. Mais, les semaines et les mois après cette rupture furent on ne peut plus difficiles. A vrai dire, le moral n’y était pas, mais cela n’avait rien d’étonnant, puisqu’une rupture est toujours difficile, surtout lorsqu’il y a des sentiments derrière. Le pire, c’était que le jeune homme, avec qui elle n’avait plus de contact, déménagea. Il était partit. Sans même le lui dire. Disparu. Envolé. « Vanished »… C’est à ce moment là qu’elle arrêta son traitement, et qu’elle failli sauter du haut d’un toit.

Finalement, avec cette crise, Ella reprit son traitement, et fit en sorte d’avoir son diplôme. Elle reprit donc les cours, et alla même à l’université, pour étudier la littérature, ce qui la passionnait plus que tout. En réalité, la littérature était une sorte de traitement, mais pour l’âme, et non pour le corps. Car, en lisant un livre, elle se laissait aller, parfois dans un autre monde. Sans compter que la jeune femme adorait devenir quelqu’un d’autre le temps d’un roman. C’est donc avec brio que la jeune femme eu son diplôme, et passa un concours pour pouvoir être professeur des écoles. Encore une fois, elle le passa haut la main. Ella n’eut pas trop de mal à trouver un emploi, car, le hasard voulu que la vieille Mrs Sommers, institutrice à la maternelle, prenait sa retraite. Et pouf ! Devinez qui la remplaça alors ? Et oui, Ella ! Depuis son adolescence, la jeune femme n’a jamais pu oublier ce jeune homme, qu’elle avait tant aimé, et qu’elle continue encore d’aimer aujourd’hui. Chaque soir ou presque, elle rêve de lui, et revois son visage, trait pour trait, comme s’il n’était pas parti. Ce qu’elle ignore encore c’est que le jeune homme en question est de retour en ville.