Dallace Way
▶ MOTS : 24 ▶ ICI DEPUIS : 04/01/2012
| Sujet: Dallace Way ○ They say all teenagers scare ! Jeu 5 Jan - 0:55 | |
| CHÈRE DALLACE,
Deux mille douze, soit l'année de tes dix neuf ans, la belle majorité - t'entres dans la cour des grands, petite. Le permis de conduire, tout ça, le passage à l'âge adulte. Les belles paroles. Tu les as eu, tes dix huit ans, depuis, t'as rien fait des " trucs de grands ", des gens de la vie active. Je me demandais tout à l'heure : où t'es née, au fait, Dallace ? Et puis l'évidence. Ici. T'es bien partie une fois, mais tout te relie à cette ville, cette belle cité de NewCastle. Trois frères, pas facile à vivre, pour toi, la seule jeune fille de la famille, maniaque de surcroît - ah, ne te fâche pas, même toi tu l'avoues ! -. William et Eddy. Des mordus de jeux vidéos qui ont transmis le virus à la plus petite. Hétéro ou lesbienne ? Tu me répondras jamais, au mieux je me prendrais une belle gifle. Je pencherais pour hétéro. Mais comment peut-on savoir sans avoir essayé, hein ? T'étudies toujours la médecine à l'université de Newcastle upon Tyne. T'as qu'une passion : les animaux. Je sais bien que t'aurais voulu faire vétérinaire, mais tes vieux, hein. Faut dire, tu voulais partir au Congo soigner tes bestiaux, pas le must comme idée, petit génie. Et puis t'adore Newcastle. C'est fou comme tu es fière et que tu peux pas avouer être attachée à une ville - c'est pas une honte, hein -. Je me souviens, quand on était gamins. T'avais les cheveux blonds comme les filles des pubs, blond doré. Et puis t'as décoloré tes cheveux, ils sont devenu d'un blond platine, et t'es passée rouquine. C'est quoi cette idée ? T'en as de ces illuminations parfois ... Bref. Deux mille douze. On se voit le vingt décembre pour crever ensembles ? En plus trois jours plus tôt ce sera son annif. Ballot. Enfin, de toutes façons, t'as pas vraiment le choix. Toi et moi on est liés.
Bien à toi, TA CONSCIENCE. | | Pseudo ; A vous de trouver /o/ Crédit ; Nevada Âge ; Quinze ans Avatar ; Hayley Williams Niveau ; Pas mal x] ? Présence ; Sept sur sept Ton avis ? Inexistant ?
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YOUR WORDS « Dit comment on ... - Ta gueule, William. Ta gueule, et profites bien du silence. »
Ça avait toujours été ainsi, entre elle et William, et cela l'était encore, bien qu'en moins intense. Chien et chat qui se tapaient dessus pour des bouts de verre. C'était presque si l'on pouvait penser qu'entendre la voix de son petit frère excédait Dallace.
« Il est où, mon CD de de Simple Plan ? - Dans le tiroir de ta commode tout à droite. - Thanks. - Arrête de parler anglais, ton accent est affreux. »
C'étaient les piques habituelles qu'ils se lançaient. Séparés par une année, Dallace et Eddy sont assez proches l'un de l'autre. Eddy a toujours été le frère et le meilleur ami de Dallace, à qui elle livrait tous ses secrets bien avant ses amies. Désormais ce lien est quelque peu atténué par la distance et l'âge, mais le frère et la soeur sont toujours proches et ils ne manquent pas une occasion de se revoir.
« Range ta chambre. - Maman, j'ai le temps ... - On ne peut même plus marcher dedans ! - Mais mamaaaan j'ai dix-huit ans ! - On dirait pas ! »
Critère typique de la maman-poule-obsédée-par-le-rangement, Dallace et Emma s'entendent assez bien, parfois complices d'âneries dirigées vers son grand frère ou plus souvent vers son père. Encore beaucoup liées par un lien mère-fille juvénile, elles en sont encore au stade " range ta chambre ! ", mais il y a des chances pour que leur relation évolue dans un sens plus ... adulte ?
« C'est quoi que j'entends, là ? - De la musique. - Ah, c'est de la musique, ça ? »
Le père de Dallace, Adam, a tendance à être assez sarcastique sur les goûts de sa fille, ce qui l'agace hautement. Cependant, Dallace doit avouer qu'elle aime pas mal les goûts musicaux de son père. Pour le reste, c'est autre chose ... Il est plus détaché de sa fille qu'Emma, non pas parce qu'il l'aime moins mais parce qu'il la laisse prendre son envol, chose qu'il tente de faire comprendre à sa femme par tous les moyens.
« Well, all you need is love and understanding, ring the bell and let the people know ! We're so happy and we're celebrating, come on, and let your feelings show ! »
Dallace aurait relu vingt fois tous les mots qui étaient dans l'enveloppe qu'elle gardait, marquée de mille mots d'amour de Wendy. D'abord ce premier, celui qui marqua le début de leur romance, le point de départ.
« Dallace,
Je n'arriverai sûrement jamais à te le dire en face, avec tous ces gens qui ont peur de ça - moi aussi j'ai peur, mais pas du même ça qu'eux -. J'arriverai pas à te le demander, et je vais pas envoyer une amie pour faire ma porte-parole. Je sais pas si après tu vas me jeter, mais on m'a toujours dit qu'il valait mieux avoir des remords que des regrets. Alors voilà. Si je me suis rapprochée d'Alice c'était pour toi. Ce n'est pas que je n'aime pas Alice, je l'aime bien Alice, elle est cool Alice, mais c'était toi mon intérêt premier. Je sais pas si les homos te font peur à toi aussi - je sais que t'es jamais sortie avec une fille -, mais je voulais le tenter. Alors je le tente. Est-ce que tu veux sortir avec moi ? Tu viens me voir, fais comme tu veux en fait, tu réponds oui ou non, je te demande rien de plus. Je te bafferais pas - je sais pas taper, pas comme toi -, je veux juste une réponse claire. Je ne sais pas comment terminer ce roman ... Alors voilà. Oui ou non.
Wendy. » Et tous ces autres bêtes morceaux de papier qu'elle garde précieusement, pliés en quatre ou en deux, conservés avec soin ...
« Ma chérie, je ferais ma vie avec toi ♥. »
« Comme j'arrive pas à le dire ... Je te l'écris. Je t'aime, ma belle. »
« Well, love is all ... ♥. Cette chanson, tu me l'as chantée pour mon anniversaire, tu te souviens ? Alors je te rends la pareille, pour ton anniversaire, quand tu t'y attendras le moins, je débarquerai de nulle part et je te la chanterai, qu'il y ait plein de monde ou pas - qu'on soit à la gare ou pas ... Aha ♥. »
Pour votre gouverne, Wendy l'a réellement chantée pour Dallace de nouveau dans une gare, chose visiblement très symbolique pour elle. Et nombre de papiers siègent griffonnés à la va-vite, des dessins fait entre deux heures de cours, de simples mots qui veulent dire beaucoup, dans cette enveloppe. Mais ça, vous n'avez pas besoin de le voir ... HISTOIRE
They're gonna rip up your heads, Ils vont déchirer vos têtes Your aspirations to shreds Mettre votre inspiration en lambeaux Another cog in the murder machine Une autre dent dans la machine à tuer
« Dallace ... - Ouiiiiiiii ? Quoiiiii encooooore ? - ... J'ai faim. - Bah mange. - Oui mais je sais pas ... - ... faire à manger. T'es inutile quand tu veux. Tu prends une saleté de Pasta Box dans le frigo, tu la fous dans cet objet merveilleux de l'homme moderne appelé micro-ondes et ... Tu poses ta console, deux secondes. OH PUTAIN LÂCHE-LA WILLIAM.
La jeune fille arracha l'objet des mains du petit garçon. Éberlué, il la fixait, elle, et surtout sa précieuse console.
- T'es pas mort ? C'est bon ? Tu survis ? Okay. Si tu veux pas que je la balance par la fenêtre et que je supprime toutes tes sauvegardes avant pour être sûre que tu récupères rien, que je martèle tous tes CDs sous un marteau-piqueur, tu m'écoutes. C'est clair j'espère ? Oui ? On va s'entendre alors. Aaaah. Maintenant, ferme ta gueule et regarde. Tes deux yeux par là et les pavillons grands ouverts, ou je te jure que tu me recopies l'intégralité du dico et je bousille ta collection de figurines, en plus de tout ton multimédia - ordi compris, donc -. Wah, t'as compris le message. Mais c'est qu't'es un génie quand tu veux ...
Ah, le délicieux silence qu'il offrait quand elle s'énervait ... Dallace savoura chaque instant de cette paisible explication. D'un ton calme, elle lui détailla les étapes pour faire réchauffer le plus basique des plats au micro-ondes - à dix ans il était encore capable d'accomplir une telle prouesse -. La séance d'apprentissage terminée, le gamin repartit avec sa console et s'y plongea tout en piquant dans son cornet de pâtes. La jeune fille émit un soupir. Treize ans et devoir supporter un marmot pareil.
- BOUH !
Dallace sursauta et émit un bref cri de terreur.
- PUTAIN DE ... EDDYYYYYYYYYYYY !
D'un bond, elle se mit debout et poursuivit son frère, folle de rage de s'être fait surprendre si facilement. Mais Eddy courrait vite, et alors qu'elle pensait le rattraper, il repartait de plus belle. Elle le guépard qui s'épuisait à force de donner toute son énergie, lui la gazelle qui se riait de son impuissance.
- Alors Dallace, on n'arrive pas à me chopper ? Dallace la li-mace, Dallace la li-mace ! - Tu vas voir si j'suis une limace !
De nouveau, elle bondit, et cette fois atteint sa cible. Elle était l'extrême opposé de Eddy sur le plan physique : lui était endurant et rapide, elle était forte et cognait bien. Elle attrapa son bras et fit une clé à son frère, qui lui grognait des supplications pour qu'elle cesse de lui tordre ainsi le bras. Un sourire sardonique se dessina sur ses lèvres.
- Tu dis quoi, mon frère chéri ? - Arrête ! - Pardon ? Je crois que j'ai raté quelques mots ? - S'il-te-plaît, Dallace ! Tu me fais mal ?
Elle donna de nouveau à-coup, qui arracha un nouveau rictus de douleur au jeune homme.
- DALLACE ! - Tu sais bien les mots magiques que je veux entendre, Eddy. - J'avais tord de te faire peur, je suis stupide, j'ai une tête stupide, mes airs sont stupides, et stupide ça a toujours été ma couleur favorite ! - O.K. c'est enregistré dans la mémoire de mon téléphone. - Qu ... QUOI ? Répète ? - Je dis : EDDY, J'AI UNE VIDÉO OU TU TE FAIS BATTRE PAR TA PROPRE SŒUR QUI A UN AN EN MOINS QUE TOI ! - J'suis pas sourd mais ... Putain Dallace, si tu mets ça quelque part je t'étrangle ! - Ah ... J'ai tellement peur, après la glorieuse raclée que tu viens de me mettre.
Gambadant autour d'Eddy, Dallace avait un air rayonnant. Le jeune garçon s'écarta d'elle, faisant bouger son épaule avec des airs de victime. La demoiselle l'observa, puis, satisfaite, se retira dans sa chambre. Dans l'escalier, à pleins poumons, elle hurla.
- AVE CESAR ! ET QUE TA DESTINÉE SOIT PLEINE DE VICTOIRES ! »
Cette tirade fut accompagnée d'un rire léger et enfantin. L'enfant qu'elle ne voulait plus être ...
We won't give up the fight On n'abandonnera pas le combat We'll scream loud at the top of our lungs Nous crierons le plus fort de tous nos poumons And they'll think it's just cause were young Et ils penseront que c'est juste parce que nous étions jeunes
« Les enfants ! Je suis rentrée ! - Mamaaan ! Il dort enfin ... - Qui donc ? - Bah William. C'est un combat, tu sais, de le faire dormir. A treize ans c'est en pleine crise d'adolescence, j'ai dû lui prendre tous ses jeux vidéos, et limite l'enfermer à clé ... Il fait preuve d'une de ces gamineries ... - Oh. Oui. J'en suis consciente. - Ouais ...
Un soupir échappa à Dallace. Eddy leva les yeux de son livre et fixa sa sœur d'un air insistant. Oui, deux secondes, deux secondes. Je vais lui parler, du calme, faut introduire le sujet en douceur.
- Maman ... Eddy et moi on a un truc à te dire. - Oui ? - Tu crois pas que ce serait possible ... Tu sais ... Que ce soit seulement papa qui travaille ?
Emma s'assit. Car oui, la mère de Dallace, William et Eddy s'appelait Emma. Elle ne s'assit pas, elle s'échoua en beauté, en poussant, à l'instar de sa fille, un fantastique soupir exaspéré. Elle maintint sa tête de sa main gauche, le coude sur le bras du vieux fauteuil en cuir, qui avait déjà bien souffert. Pourtant, elle devrait commencer à comprendre, à quinze ans. Que dans la vie, on ne savait pas faire tout ce qu'on souhaitait. Il y avait des obligations. Dieu ! Qu'elle aurait voulu que sa fille soit plus adulte ...
- Dallace ... Tu sais très bien que c'est impossible. Si j'arrête de travailler, on vivra comme des pauvres. Tu les veux encore à Noël, tous tes cadeaux ? Je crois bien que oui. On fait ça pour vous ... - Bien sûr ... Bien sûr ... Tu es une adulte. Tu ne peux pas comprendre. Ce n'est pas ta faute, tu sais. - Que ... ? - C'est rien. Vient, Eddy. On va jouer aux échecs. C'est moi qui prend les blancs ! »
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« Tu sais ... Elle fait pas exprès. - Je sais bien. Mais c'est toujours décevant. Qu'elle soit une adulte comme les autres. - Bah, tu sais Dallace ... Ils peuvent pas tous être comme le narrateur du Petit Prince. Quand t'avais treize ans, je me souviens comme t'es devenue indépendante, puis t'as pris du recul, et t'as réfléchi. C'est là ... - ... que t'as déboulé un beau jour, et que tu m'as tendu le premier bouquin que je lirai intégralement dans ma vie : le Petit Prince. - Je t'ai pris ton pion. - Et ni vu ni connu je te nique ton cavalier. Vlam ! - Tsss ...
Encore quelques coups et Dallace perdit. Une fois de plus. Eddy avait une logique exceptionnelle. Elle, elle savait juste manier les mots, en faire des phrases qu'on trouvait jolies et harmonieuses. Un don qu'elle trouvait minable. Un instant de silence durant lequel le jeune homme rangea le jeu d'échecs. La demoiselle prit la parole brusquement.
- Tu crois que je deviendrais un jour une grande personne ? - Certainement. - Rassurant. - Véridique et réaliste. - Comme un adulte. - Ah merde. Tu me donnes des cours ? - Avec plaisir, cher frère !
Dallace se mit debout, impérieuse. Elle bondit sur la chaise roulante, nullement peureuse. Eddy et elle faisaient des acrobaties sur la plage depuis bien longtemps, et cet exercice n'était qu'un entraînement ridicule.
- Leçon numéro un pour rester enfant : essayer de toujours avoir une vision positive et imaginative des choses. Exemple : l'éléphant dans le boa. Leçon numéro deux : ne jamais perdre les choses importantes de vue, notamment les rêves, les sentiments véritables et l'innocence, surtout l'innocence. Mais c'est la leçon la plus compliquée à appliquer. Leçon numéro trois : toujours laisser les portes ouvertes à l'imagination. Toujours. Leçon numéro quatre : prendre exemple sur les enfants véritables, observer leurs réactions ... Leçon numéro cinq, et pas des moindres : doser la part adulte et la part enfant.
Descendant de son perchoir, elle fit une courbette et Eddy applaudit, hilare. Une sonnerie retentit, laissant le jeune homme surpris. Vive comme l'éclair, la rouquine attrapa son portable. Elle appuya sur le petit téléphone rouge.
- Tu ne réponds pas ?
Ce fut au tour de Dallace d'être étonnée.
- Bah non. C'était une amie. - Justement. Tes amies, t'es pas censée ... les apprécier ? - Oh mais je les aime beaucoup. Sauf qu'elle, c'était à coup sûr pour sortir boire un coup. - A quinze ans ? - Yesh. Alors, tu voulais toujours que je réponde et que j'accepte sa proposition ? - Pas vraiment ... - Tu vois, t'es capable de faire preuve d'intelligence primaire, tu t'améliores mon frère chéri ! Voit comme Sartre disait vrai : l'Enfer, c'est les autres. - Ils transcendent le Mal, c'est ça ? - Ouais. Tout juste. - Parce que t'as lu Sartre, peut-être ?
Le sourire que lui offrit sa sœur voulait tout dire.
- T'as lu le Huit clos de Sartre ? Tu rigoles ! - Nan. Intégralement. De long en large sans l'aide d'un professeur. - Waaah ... Dallace ! - Je sais, j'suis exceptionnelle, hein ? - Ah ! Pourquoi t'as pas encore de copain, toi ? - Tu dis ça parce que toi t'as eu plein de copines ... - Peut-être. - En fait ... J'ai pas de copain. - Je sais. - J'ai une copine.
Un temps.
- La fille qui est venue l'autre jour et qui vient de m'appeler. J'ai pas répondu pour pas que t'entende notre conversation. J'te le dis parce que tu flipperais pas comme maman le ferait. - J'm'en doute. Ça fout quand même un sacré coup. - Et encore j'te ménage. - Allez, raconte-moi tout. - Ça va prendre un bout de temps. »
Eddy ressortit le jeu d'échecs. Dallace sourit, et commença son récit.
I could learn a bit about what is true and faith Je peux apprendre un peu de ce qui est vrai et de la foi But why don't please trying to communicate ? Mais pourquoi ne pas essayer de communiquer ? Finding just in love is not always easy to make Il n'est pas toujours facile de tomber amoureuse
« Alors, c'est aujourd'hui qu'elle vient ? - Ouais. Je flippe un peu, là. - Keep cool. T'as passé le plus dur. - Yesh. Faire accepter ça à maman ... Ça a pas été de la tarte. Trois mois pour faire passer la pilule. - Allez. T'as seize ans, maintenant, t'es grande. - Et toi t'es à l'aube de ta majorité, grand benêt. Elly vient aussi, non ? - Oui, mais plus tard. Elle voulait pas nous déranger alors que ta copine venait.
Dallace inspira un grand coup.
- Okay. Ça va le faire, Wendy est douce comme un ange, polie et tout. Maman va l'adorer. - Moi j'l'aime bien ...
La jeune fille lui envoya une pichenette dans le visage avec un sourire sarcastique.
- Chasse gardée.
Il leva haut les mains, comme menacé par un pistolet.
- Je ne ferais rien, mais ne tirez pas ! - T'as pas grandi, gros. - Question taille, toi non plus ... - Rah c'est bon hein, moi si je veux me cacher avec mes un mètre soixante six, j'aurais plus de facilité qu'avec tes un quatre vingt et des poussières ! - Pourquoi me cacher ? Avec ma carrure, j'peux dégommer les nains dans ton genre ... - Va manger un dromadaire et étouffe-toi avec ! - Qu'est-ce que ce vocabulaire ? J'espère que Wendy ne parle pas comme ça !
En pleines joutes orales, les deux adolescents furent surpris par leur mère. Derrière elle, William passa et fit des gestes théâtraux, visiblement en train de se moquer d'eux.
- Désolée maman ... Et t'inquiète pas, Wendy a un vocabulaire autrement plus évolué que celui de cette girafe. - Girafe ? - C'est un très joli animal la girafe, tu sais Eddy ...
La sonnette de la maison se fit entendre. Un sourire illumina le visage de Dallace. Sans prévenir, elle se précipita vers l'entrée et ouvrit à Wendy.
- Hello. - Hi, darlin' ! - Retire tes chaussures, ou ma mère va criser ... - Où est toute la petite famille ? - Dans le salon. Sauf William, il a couru se planquer dans sa chambre en hurlant que sa sœur était lesbienne, d'un air très fier. Et très moqueur, aussi. - Ça lui passera ... - Je sais. Donc je le laisse dire.
Cérémonieusement, les deux jeunes filles entrèrent dans le salon, main dans la main, en ayant précédemment échangé un baiser d'encouragement.
- Maman, Wendy. Wendy, maman. - Ravie de te rencontrer, Wendy. - De même, Mrs. Way. - Mon mari devrait arriver dans plus ou moins une heure.
Un silence. La rouquine anima la conversation, et l'ambiance se fit plus agréable. D'abord intimidée, Wendy se laissa aller peu à peu, et lorsque le père de Dallace arriva, sa mère et la jeune fille parlaient ensembles comme si elles se connaissaient depuis toujours.
- Bien le bonjour ! Tu dois être Wendy ? - Oui monsieur. - Papa, tu parles fort. - C'est à ça qu'on reconnaît les vainqueurs, Dallace ! »
Discrètement, elle tourna la tête et leva les yeux au ciel. Wendy souriait, amusée.
Pendant que son père et elle faisaient connaissance, Dallace observa attentivement sa petite amie, sous le regard d'Eddy. Wendy avait de longs cheveux blond platine, exactement comme elle jusqu'à ses treize ans. Ses yeux étaient brun-vert. Un cercle bleu entourait sa pupille et une plage verte s'étalait tout autour, formant un joli dégradé de couleurs.
Surprenant le regard de son frère, la rouquine fronça les sourcils. Celui-ci, candide et innocent, lui offrit en retour un splendide sourire du grand frère fier de sa jeune sœur. Elle lui tira la langue, et ils continuèrent ainsi leurs grimaces jusqu'à ce que Emma, son mari et Wendy les observèrent, puis éclatèrent de rire tous ensembles lorsque les deux adolescents remarquèrent qu'ils étaient surveillés.
Elly arriva en début de soirée. Depuis trois mois, elle sortait avec Eddy. Très douce, timide et calme, c'était une fille plutôt effacée. Plutôt l'inverse de son frère. Il était osé, faisait conneries sur conneries sans jamais s'en passer, les assumait totalement et était plutôt connu dans son lycée. Il était plutôt du genre grand gosse qui cherchait les noises. C'était peut-être ce qui avait séduit Elly ?
Une fois la petite réunion terminée, Dallace raccompagna Wendy chez elle, comme elle n'habitait pas trop loin. Sur le pas de la porte, elle l'embrassa longuement, la remerciant d'avoir accepté de venir chez elle. Comme dans un rêve. Un sourire taquin se dessina sur les lèvres de la blonde. Un " à demain " susurré comme une promesse. Elle ne voulait pas la laisser partir. Un dernier baiser qui lui fit lâcher prise, et Wendy en profita pour s'enfuir.
And where did you hide ? Et où vous êtes-vous cachés ? Go find another way ... Disparaissez et trouvez un autre chemin ... Price you pay C'est le prix à payer
« On se voit à quatorze heures ? Okayy, à toute ma belle.
Elle regarda l'horloge. Midi trente. C'était un peu court, pour manger, se laver, se maquiller, s'habiller et préparer son sac. Mais c'était tout à fait jouable. Réalisant les différentes étapes avec une vitesse fulgurante, elle se rendit compte qu'il y avait encore une bonne demi-heure avant que Wendy ne passe la chercher. Avec un sourire, elle reprit le téléphone fixe et composa un numéro qu'elle connaissait sur le bout des doigts. Trois tonalités.
- Eddy ? - Non c'est Andrew. - Ah, Andrew, salut ! Ça se passe bien pour toi ? - Ouais. On est en blocus là, alors il en profite pour se la couler douce, j'te l'dis tout de suite ! - Bah secoue-le un peu de ma part, si il rate je viens en personne lui rétamer la gueule. - Okay. Que dirais-tu d'en parler directement avec lui ? Il vient de rentrer. - Ah, parfait ! Passe-le moi s'il-te-plaît. - Tout d'suite !
Silence, exclamations lointaines. Puis la voix de son frère.
- Dallace ? - Qui d'autre ?
Ils parlèrent un peu de tout et rien, comme si ils étaient encore ensembles dans leur maison natale.
- Eh gros, tu réussiras pas sans travailler alors, BOUGE. Vu ? - Oui chef ! Au fait, que me vaut l'honneur de cet appel ? - Je sais que t'es en blocus, donc j'en profite un peu. Là Wendy passe dans un quart d'heure. Tu me manques un peu, tu sais ... - Bah. Il faut bien, hein, si je veux devenir ingénieur. Et toi, ça se passe bien tes études ? - Yesh. Mais ... J'aime pas cette ville. - Dallace ... Si Newcastle te manque vraiment, retournes-y, y'a pas de mal. L'an prochain tu pourras poursuivre tes études là-bas. - Ouais, mais Wendy ne peut pas faire ses études à Newcastle, et tu sais combien je tiens à elle ... - C'est ton choix. Elle arrive à quelle heure Wendy ? - Quatorze heures. Pourquoi ? - Il est vingt neuf. - Merde ! Bon, bye Eddy, on se rappelle ce week-end ? - Fonce !
Elle se prépara et juste à l'instant où elle finissait de lacer ses chaussures, Wendy sonna. Maladroitement, la rouquine lui ouvrit la porte.
- Hey ! - Hey hey, attends je finis de mettre mon manteau ... - Toujours en retard, hein ?
Wendy, de quatre mois plus âgée que Dallace, avait décroché son permis. Elles choisirent le parc de la ville, sans cesse bondé. La rouquine put une fois de plus surprendre les regards étonnés de certaines personnes devant deux filles se tenant la main. C'est fou, le nombre de gens qui les regardaient de travers ...
- Au fait, Wendy. Je dois te parler d'un truc.
Elles s'assirent sur un banc. La blonde sourit.
- Oui, je t'en prie. Parle. - L'an prochain, je veux retourner à Newcastle.
Le sourire de la blonde se brisa.
- Pourquoi ? - J'adore cette ville, je suis toujours mélancolique ... - Tu tiens plus à une ville qu'à moi ?
Cette fois ce fut sa voix qui se brisa.
- Ce n'est pas seulement pour la ville ... Son université de médecine est également très réputée. Je veux passer les examens pour y entrer. - Et nous ?
Silence. Elle ne savait pas. C'était un choix tellement compliqué ... Elle voulait avoir les meilleurs diplômes, et retrouver cette ville qu'elle aimait tant. Et Wendy dans tout ça ? Et elles deux ? Elle ne savait pas ... Dans un geste de désespoir, elle l'étreint. La blonde la repoussa, blessée.
- Ici aussi tu peux étudier ... Tu ne veux plus me voir ? - Si, bien sûr que si ... Mais je n'arriverais pas à t'expliquer, c'est tellement compliqué dans ma tête ... - Tu sais bien que si tu pars, on ne se verra plus. - On se verra les week-end ... - En se tapant chaque week-end une heure et demi de train ? Si tu vas là-bas pour étudier, tu sais bien que tu n'auras pas l'occasion de sacrifier tes week-end pour venir me voir ...
Elle se tut. Wendy se leva, et fixa Dallace.
- C'est clair et net. C'est moi ou cette ville et tes études là-bas. »
Elle s'en alla. La rouquine enfouit son visage dans ses mains. Elle se détestait.
And that was the day I promised Et c'est ce jour là que j'ai promis I'd never sing of love Que je ne chanterai jamais l'amour If it does not exist Si il n'existe pas
Elle soupira, enfouissant les vêtements dans sa valise. Son doigt effleura quelque chose de tranchant et elle se coupa. Avec un couinement surpris, elle prit l'objet coupable. Le bord d'une enveloppe. Une bête enveloppe, qui avait glissé d'une de ses boîtes, très certainement, où elle rangeait la plupart de son souk. Dallace prit l'objet en mains, la fit tourner entre ses doigts. Des dizaines d'inscriptions, elle reconnut l'écriture féminine de Wendy. Des mots doux qu'elles avaient échangés se trouvaient dans cette enveloppe. Elle eut alors l'idée de la jeter, mais elle n'eut pas le courage de le faire. Elle fourra l'enveloppe dans la valise, au fond, pour que personne ne la voie.
Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Huit heures quarante-cinq. Il lui fallait un quart d'heure pour aller à la gare et son train arrivait à dix heure. Dallace se rendit alors compte qu'elle avait tout rangé avec précaution. Il lui restait largement le temps de flâner un peu. Elle envoya un message à Eddy, pour le prévenir qu'elle serait là vers midi. Par habitude, elle l'envoya à Wendy, s'en même s'en rendre compte. La tâche ainsi accomplie, elle partit se laver et pensa à tout ce qu'il s'était passé, ces derniers temps.
Sa relation avec Wendy s'était détériorée peu à peu, au cours des deux dernières semaines. C'était la fin de l'année, en juin. Les examens étaient terminés, aujourd'hui, retour au bercail. Elle avait passé son année sans trop de difficultés, malgré quelques faiblesses en mathématiques. A neuf heure trente, elle partit pour la gare.
Une fois arrivée sur le quai, elle ouvrit de grands yeux étonnés.
« Wendy ? Qu'est-ce que tu fais là ? - Ton message. - Quel message ? - Fait pas exprès ! - Je te jure que je vois pas de quoi tu parles ...
Wendy dégaina son portable et lui montra le message. Éberluée, Dallace l'observa alternativement, elle et le sms. La jeune blonde ne put réprimer un sourire devant l'air totalement désarçonné de la rouquine.
- Je ... J'ai pas fait exprès, je te jure. Je devais l'envoyer à Eddy, ce message ... - Tu comptais pas me prévenir ? - De quoi ? - Que tu partais, tient ! Tu avais l'intention de te casser en voleuse, hein ?
La dernière phrase de Wendy fut plus grondante que les autres. L'autre jeune fille s'empourpra. En effet, c'était ainsi qu'elle avait prévu de faire. La blonde le devina aisément, et la regarda dans les yeux. Gênée, Dallace détourna le regard.
- Eh ! Depuis quand t'as peur de moi ? - Je n'ai pas peur de toi ... - Alors regarde-moi. Regarde-moi et ose me dire que tu ne m'aimes plus. - Bordel, Wendy, me fait pas tes caprices d'enfant gâtée ! T'as pourtant été claire, non ? C'est moi ou cette salope de ville ! Je t'aime pas moins qu'un ensemble de blocs de bétons, mais bordel, je veux faire ce que j'ai envie ! J'veux réussir ma vie, faire des études qui me plaisent dans la meilleure école possible ! Mais tu veux pas comprendre ...
Wendy avait les lèvres pincées, signe de colère immense chez elle. Ça n'allait pas tarder à exploser ...
- Et ... TOI ! ET TOI ! SALE CONNE ! NON MAIS TU LE FAIS EXPRÈS OU QUOI ?
Les hurlements de la blonde leur attirent bien des regards intrigués. Dallace tenta de calmer sa colère. En vain. Quand Wendy s'énervait, elle s'énervait, et ne s'arrêtait pas avant d'avoir terminé de dire ce qu'elle voulait dire. Son ton se calma, mais elle parlait tout de même encore assez fort pour que leurs voisins du quai d'en face puissent suivre la conversation sans trop tendre l'oreille.
- J'ai l'impression que tu te voiles vraiment la face ou que tu veux vraiment te casser et que tu veux vraiment m'oublier. Mais crève, Dallace, crève ! Tu peux toujours courir pour essayer de m'oublier, même si tu t'exiles en Sibérie ou au Pôle Nord, ou dans n'importe bled paumé ... Parce que, putain, ce que tu comprends pas, c'est que je me noierai si tu me le demandais, je trouverai un moyen pour t'acheter une étoile, comme dans le Petit Prince ... Et puis je sais pas moi, merde. Je t'aime quoi, sale conne ! Crève pour que je t'oublie, que j'aie un jour plus envie de t'embrasser, que j'aie plus envie de faire ma vie avec toi ... Je le répète dix fois, à toute la gare si tu veux ! OH PUTAIN LES GENS ! J'AIME CETTE FILLE, OKAY ?
Dallace l'obligea à se taire, morte de honte. Un silence religieux se fit. Tous les regards étaient tournés vers elles. La rouquine déglutit. Elle n'avait jamais autant voulu s'enterrer dix pieds sous terre. Une personne, d'abord, sur le quai d'en face commença à applaudir. Elle était sincère, ses yeux brillaient d'admiration. Puis deux. Puis trois. La presque totalité de la gare applaudit le couple. La rouquine semblait assommée. Elle dégagea ses mèches rousses, jetant un regard circulaire autour d'elle.
- Le train à destination de Newcastle va entrer en gare. Merci de vous écarter du bord des voies et de ne pas dépasser la ligne jaune.
Dallace n'avait pas entendu l'annonce de son train. Elle reprit plusieurs fois sa respiration, mais finalement ne put retenir les larmes. Elle éclata en sanglots et embrassa Wendy. Les applaudissements redoublèrent, tandis que le train de Dallace arrivait. La rouquine serra plus fort encore sa petite amie. Cette dernière lui susurra à l'oreille.
- Dit ... Ton train, il arrive à quelle heure ? - Dix heures, pourquoi ? - Un train vient de partir et il est dix heures dix ... - Oh ... OH MERDE !
Dallace eut l'air catastrophée, et s'extirpa des bras de Wendy. Celle-ci la rejoint en souriant, alors qu'elle courait inutilement sur le quai. Finalement, la rouquine s'arrêta, médusée. Elle tourna le visage vers la blonde, qui pleurait presque de rire.
- Wendy ! C'est pas drôle ! - Si ! Très ! Allez ... Je te paie le billet pour demain, ça te va ? - Avoue-le que t'as fait exprès de me prévenir à la dernière minute pour que je reste encore coincée ici avec toi ! En plus t'as bien calculé ton coup, y'en a pas d'autre avant demain ... - Faut croire, darlin'.
Elles se sourirent, repartirent main dans la main sous des regards étonnés de l'amour de deux jeunes filles ...
When you run into my arms Quand tu cours te blottir dans mes bras We steal a perfect moment Nous volons un moment parfait Let the monsters see you smile Laisse les monstres te regarder sourire
Dallace avait reprit les cours à Newcastle, Wendy était restée dans leur ancienne université pour étudier. La rouquine avait craint pour leur couple, mais étrangement cela se passait très bien, et elles se voyaient une fois sur le week-end ( ce qui les obligeait à énormément travailler en semaine ). Une fois l'une venait, une fois c'était l'autre. Elle ne sut jamais trop comment cette idée vint à l'esprit de Wendy. Un coup de tête, ou un acte longuement réfléchit, elle ne savait pas trop.
Toujours est-il qu'un beau matin des vacances de Noël, elle ouvrit la porte à une jolie blonde qui lui sauta dans les bras comme un diable sortit d'une boîte. Éberluée - et encore en pyjama - elle l'avait regardée, incrédule. Elle, avec tous ses bagages, son air radieux et son sourire. Elle balbutiait comme une idiote, tandis qu'elle s'écartait pour que Wendy rentre à l'intérieur. Elle déposa tranquillement ses affaires dans l'entrée, l'air fatiguée.
- We ... Wendy ? T'étais pas censée venir aujourd'hui ... - C'est la base même d'une surprise réussie ! - Ah ... - T'es mignonne en pyjama. - Je sais ...
Dallace avertit ses parents de la présence de sa petite amie et elles montèrent dans sa chambre - je vous vois venir /o/. Là, Wendy lui expliqua tous ses projets.
- Je compte venir à l'upon Tyne. - Quoi ? Mon unif ? Mais t'étais bien dans notre ancienne unif, non ... ? - Oui, ça allait. Mais c'était loin de toi. - Faut pas tout baser sur moi, tu sais Wen' ... - Peut-être ... T'en vaut pas la peine ? - Boarf. Tes études avant tout, Wen'.
Un silence. Dallace en profita pour se pencher et l'embrasser, heureuse de la retrouver malgré cette nouvelle pour le moins ... déconcertante. Elle s'assit alors à côté d'elle sur le lit, lui prenant la main et jouant avec ses doigts.
- T'es sûre ? - Certaine. Tout est déjà arrangé. Mes parents m'ont même ré-aménagé le vieux studio qui servait de débarras, au fond du jardin. De nouveau opérationnel, et prêt à être envahi par ma personne ! - Et j'ai le droit de squatter ? - Réfléchit deux secondes ... - On sait jamais ... Imagine tes parents ont peur que j'te viole ou je sais pas encore quelle connerie. - Bah. On a dix-neuf ans, Dallace. Le stade du viol, on a dépassé ...
La rouquine haussa les épaule et pencha la tête sur le côté.
- Tu m'aimes ?
Pour toute réponse, Wendy l'embrassa.
- C'est étrange comme tes gestes sont parfois plus efficaces que tes mots ... Ma fiche est ; ✓ terminée
Dernière édition par Dallace Way le Dim 8 Jan - 14:24, édité 36 fois |
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