Sharon entendit des cris dans l'entrée. Encore. Elle claqua la porte de sa chambre, mais les cris ne cessèrent pas, contrairement à d'habitude. Elle attendit et sursauta quand les cris redoublèrent de force. Ce n'était pas normal. Elle sortit de sa chambre et descendit en faisant le moins de bruit possible dans le vieil escalier branlant. Elle arriva directement à la porte du salon, ou plutôt la petite pièce avec un canapé miteux et cassé au milieu. Des bouteilles de bière vides jonchaient le sol, ainsi que d'autres débris du même genre. Sharon s’efforça de ne pas marcher dessus et alla dans la pièce suivante, la cuisine, sale, comme toujours, avec de la même vaisselle qui trainait que celle qu'il y avait il y a quelques mois. Sharon allait ouvrir la porte qui menait à l'entrée lorsque celle-ci s'ouvrit, et son père, hors de lui, les cheveux gras, crasseux et puant l'alcool entra. Il s'approcha de sa fille en lui hurlant que tout était de sa faute, qu'il la détestait. Sharon avait l'habitude de ce genre de crises. Elle savait qu'il fallait qu'elle sorte de la pièce au plus vite ou ça pouvait mal finir, mais il était trop tard. Son père se mit face à elle et se baissa pour la regarder dans les yeux: Ce soir, va-t-en si tu y parviens ou tu finiras comme ta mère. Il pointa son doigt vers l'entrée et éclata de rire, un rire incontrôlable, sadique. Sharon regarda. Et elle la vit. Sa mère gisait sur le sol poussiéreux, les vêtements déchirés, les cheveux en bataille. Elle baignait dans une mare de sang... Qui venait de sa gorge.
Sharon détourna les yeux, et mit une droite à son père. Son rire cessa aussitôt. Il se retourna vers elle, le nez en sang, et commença à lever son poing. Mais, ivrogne comme il l'était, ses réflexes avaient diminués. Avant de recevoir le coup, Sharon sortir de la pièce, ouvrit la porte d'entrée et sortit. Le soleil l'aveugla un instant. Ce soir-là, elle fut enfin libre.
Et elle le restera.