Not too late ... ?

**▶ MOTS** : 24 **▶ ICI DEPUIS** : 04/01/2012

La rouquine était allongée dans son lit, dans une passe entre somnolence et réveil. A peine sortie d'un rêve dont elle ne se souvenait déjà presque plus, elle tâtonna à la recherche de l'objet coupable. Précipitamment, elle éteint la sonnerie du téléphone portable et le jeta à nouveau à côté de son oreiller. Pendant cinq bonnes minutes, elle tenta de se remémorer pourquoi elle avait fait sonner son téléphone si tôt le week-end - en général elle essayait d'accumuler douze heures de sommeil pour la semaine à suivre. Soudain, la raison la frappa. Rendez-vous, Chris, treize heures. Les informations s'alignèrent à la vitesse de l'éclair dans son cerveau. Starbuck, pas intérêt à être en retard.

Et merde. Midi cinq.

Elle avait une heure pour tout faire. Brutalement sortie de sa torpeur, elle sauta de son lit et courut se préparer pour sortir. Douche, maquillage, sac, chaussures, manteau, argent ... Et il lui fallait dix bonnes minutes pour y aller en voiture, en comptant le temps qu'elle devrait ajouter pendant l'attente aux feux rouges et autres joies d'une ville bondée entre midi et treize. Pressant son père pour l'emmener, l'homme se plaignit une énième fois de l'absence de permis de sa fille. Avec un sourire charmant, elle lui apprit qu'il lui fallait l'argent, la voiture et la pratique. Bref. Tout ce qu'elle n'avait pas. Son père se renfrogna, grognon, et prit les clés de sa voiture.

Finalement, elle arriva au Starbucks vers treize heures quart, soit quinze minutes de retard. Avec un sourire splendide, elle se dirigea vers la tête brune qu'elle connaissait bien. Innocente, elle s'approcha de lui et son sourire se transforma en rictus à la fois sarcastique et désolé.

« Ça aurait pu être pire, tu sais. »

Elle alla s'asseoir à une table non loin de là et inclina la tête avec un sourire cette fois-ci charmeur.

« Bon. J'ai la dalle. On mange un truc ? »

**▶ MOTS** : 71 **▶ ICI DEPUIS** : 21/12/2011

Dallace, je l'aime bien. Elle est chiante au possible, mais je l'aime bien. On fini toujours pas se taper dessus, mais oui, on s'aime bien. Dans le genre chien et chat, nous sommes juste de parfaits exemplaires. La dernière fois qu'on s'était croisé, je lui avais proposé de passer un peu de temps aujourd'hui. Elle avait accepté, c'est ainsi qu'on avait convenu un rendez-vous au Starbuck à 13h. J'avais hâte, quoique absolument certain qu'il allait se passer quelque chose, qui me mettrait sur les nerfs. Peut-être que je me méfiais trop. Mais si jamais elle me collait un lapin, autant dire que je serai volontaire pour lui botter le cul ! D'accord, frapper les filles, ça ne se fait pas. Dallace, c'est différent. Pour résumer la chose, je ne voudrais pas être son punching-ball -si toutefois elle en avait un-. Vers 12h30, après la toilette nécessaire à la bonne présentation d'un homme, j'étais sorti direction le Starbuck, pour attendre la rouquine. J'y allais à pied, prenant mon temps. J'étais en avance de toute façon. Au bout d'une vingtaine de minutes, j'y étais. Comme je m'y attendais, la jeune fille n'était pas encore arrivée. Une des rares qualités que l'on puisse me trouver, j'étais ponctuel. J'hésitais quelques secondes avant d'entrer. Il faisait froid mais c'était supportable. Autant l'attendre devant. Je poireautais cinq minutes, dix minutes, un quart d'heure. Avant de me souvenir DU détail qui tue : Dallace n'était jamais, jamais à l'heure. Je grommelais, enfonçant un peu plus mes mains dans mes poches, maudissant soudainement le vent.

Puis, après une bonne dizaine de minutes à la maudire copieusement, je fus soulagé de la voir pointer son nez. Faut dire, avec sa chevelure, on la repère de loin. Je la fixais s'avancer vers moi. Comme toujours, elle avait son air d'enfant, à la fois moqueuse, rieuse, et coupable. Ouais, ça aurait pu être pire...surtout avec elle. Je la suivis, pendant qu'elle allait s'installer à l'intérieur, à l'une des tables libres. Je m'assis en face d'elle, la fixant avec un sourire entre le désespoir de cause, et l'amusement. Je desserrais enfin les dents.

« La prochaine fois, fais moi penser à ne pas être en avance. Ça m'évitera de geler dehors. »

Je rigolais pour moi-même. C'était surtout avec ce genre de réflexion qu'on finissait par se taper dessus. Côté un peu macho, j'avais toujours tendance à dire que c'était sa faute. Elle me fixa de son air qu'on pouvait qualifier de charmeur. Je ne me prenais jamais à ce jeu, peu importe la personne. Surtout Dallace, j'aurais essayé, je ne sais pas si j'aurais fini entier. Je me penchais vers elle, m'appuyant sur mes coudes, la détaillant du regard, avant de hocher la tête, et de lancer d'un ton spécialiste, une conclusion bien placée.

« Te connaissant, je parie surtout que tu viens de te lever. Je me trompe ? »

Je savais pertinemment que non.

**▶ MOTS** : 24 **▶ ICI DEPUIS** : 04/01/2012

La rouquine avait parfaitement conscience d'agacer les trois quarts des personnes qu'elle connaissait, à cause de son syndrome du retard. C'était presque comme si elle ne pouvait pas s'en empêcher. Oh, ça ne la ravissait jamais d'être en retard. Et d'ailleurs en plus particuliers à ses cours à la fac' de médecine, où elle s'était fait mettre à dehors plus d'une fois grâce à la phrase magique : " Mon cours commence à huit heure trente et finit à neuf heures trente. Au revoir. " Et même si la formulation était classique, elle arrachait souvent des sourires amusés aux élèves présents. Elle avait ce don - ou plutôt, cette malédiction - de toujours tout faire en dernière minute, ce qui lui valait sans cesse ses légendaires retards. Et même si cette maladie n'était pas incurable, elle ne faisait rien pour la guérir, et elle n'avait de cesse d'énerver la plupart des gens avec sa maudite particularité.

La phrase du brun la piqua au vif, et elle préparait déjà sa réplique cinglante, un grand sourire sarcastique aux lèvres. Ses sourires, face à des phrases comme celles-ci, préméditaient toujours une réplique bien acérée qu'elle attendait de lâcher comme un lion affamé. Et elle ne se privait pas de le faire remarquer à ses interlocuteurs avant de leur répondre. Cependant, son sourire se transforma en rictus interloqué lorsque le jeune homme prit une pose comparable à celle d'un psy analysant les tréfonds de son patient. Elle attendit, se demandant ce qu'il pouvait bien encore foutre, puis d'un ton expert, il lâcha le verdict de sa profonde réflexion. Il lui demandait si elle venait de se lever. Paf, dans le mile. Elle se colla au dossier de sa chaise, et son air donnait une réponse assez précise à la question. Dallace semblait grognarde, et elle fixa au loin une serveuse, feignant de vouloir la héler. En mâchant ses mots, elle répondit à Chris. Elle détestait qu'il ait raison, sur n'importe quel sujet que ce soit.

« Peut-être bien. Mais moi, je vis la nuit, pas le jour. J'suis pas un rat qui rase les murs tous les matins, je suis la chouette qui vient le bouffer. Et puis, je t'avais pas empêché de rentrer. T'es stupide, aussi. »

Elle haussa les épaules, les yeux fermés, puis appela finalement une serveuse. Elle laissa Chris dire - ou ne rien dire, c'est bien aussi, le silence - ce qu'il voulait, puis Dallace commanda avec un sourire enfantin un café, un peu au hasard. Elle en prit un dont elle trouvait le nom amusant, ce qui reflétait hautement son caractère de gamine encore bien présent. Elle en revint au brun.

« Nous disions donc. Si tu étais un brin intelligent, tu serais rentré pour m'attendre. Tu prends vraiment de drôles de décisions, parfois ... Après, si t'aimes le froid, tu peux me le dire, au lieu de simuler. T'as p'têtre du sang Sibérien ... ? »

Elle eut un léger rire et inclina la tête, plantant ses yeux dans les siens avec un air de défi. Entrerait-il une nouvelle fois dans son jeu de joutes orales ?