Voilà le texto que j'avais pianoté sur mon portable, entre quelques réflexions personnelles. Je n'avais pas l'habitude de donner rendez-vous comme ça, mais pour une fois que la chose s'imposait un minimum. Encore que normalement, je n'avais pas le droit de faire. Qu'est-ce que je m'en foutais. Les ordres, ce n'était pas pour moi. En se la faisant discret, je passais outre les règlements, sans subir de réprimandes. Elle est pas belle la vie ? Pour moi oui. Pour d'autres, elle l'est encore, mais un rien suffirait à la faire basculer. Je pensais surtout à Faith, et c'était la raison de ce rendez-vous soudain. Les problèmes des autres ne sont pas les miens, c'était ma logique habituelle pourtant. M'enfin, qu'elle plonge pour quelques bêtises histoire d'arrondir ses fins de mois, ça me plaisait moyen. Si j'arrivais à la convaincre, tant mieux. Sinon, super pour moi, j'aurais plus qu'à espérer qu'elle soit discrète, de risque de passer pour complice. Pour une militaire et un flic, ce serait vraiment le genre de truc qui craint. Je regardais la télé sans la voir, en jouant avec la télécommande. Le bruit de l'objet qui se fracasse par-terre réussit à me faire sursauter. Je n'étais pas le seul, constatais-je avec amusement, en voyant Lilwen se redresser en grognant. Si je l'avais voulu, je suis certain que j'aurai pu l'engager dans la section canine. Pourquoi pas demander à changer de grades un de ces jours. Je soupirais. Même pas 16h. Je me levais. Autant aller me préparer, parce que par ce froid glacial, je me voyais mal sortir de chez moi en jean et débardeur. Je me dirigeais et balançais au passage la canette vide dans la poubelle.

Une heure et demi plus tard, j'étais dans le froid, tenant la laisse d'une bête satisfaite de son escapade à venir. Fallait la comprendre, qui est-ce qui aurait envie de sortir se gelait le cul, alors qu'il commençait à faire nuit ? Franchement, pas moi. Je ralliais assez vite le point de rendez-vous, où je détachais la laisse. Qu'elle aille dans les fourrés sans moi. Je m'adossais à un arbre et plongeais mes mains dans mes poches. Avec mon sweat noir, on ne devait voir de moi qu'une forme cachée dans l'ombre. Sympathique portrait. Et je n'avais toujours pas réfléchi à comment je pourrais le dire à Faith. Avec ma chance habituelle, elle se ferait des idées. C'était pas franchement mon intention. Je sentais venir le truc. Je finirais par regretter ma bonne action, s'était évident. J'aurais du rester chez moi et faire comme si de rien n'était. J'étais même pas certain qu'elle viendrait, je n'avais pas reçu de confirmation. Je sifflais la chienne, et me remuais un peu pour ne pas geler sur place. Des aboiements résonnèrent, plus loin. Et ce n'était pas ceux de Lilwen, mais de Trigger. Faith était là, à mon grand soulagement.

J'allais à sa rencontre.

Il t'avait fallu quelques secondes de réflexion avant de te souvenir qui était Chris. Puis tu avais revu son visage tout d'abord, puis tu t'étais souvenu de son métier. C'était le policier plutôt beau gosse. Beau gosse certes mais il t'avait toujours semblé un peu coincé. Était-ce toi qui lui avais demandé son numéro ou le contraire ? Tout tes souvenirs quand à son existence te semblaient flous et lointains. Comment vous étiez-vous connus ? Mystère. Par contre tu te souvenais de sa chienne. Tu n'oubliais jamais les chiens. Lilwen. Chien-loup. Caractère approximativement bon. Non, une véritable teigne en fait. Mais Trigger ne se laissait pas mater. Les marines ont de l'honneur tout de même. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien te vouloir cet olibrius ? Va, tu irais quand même, tu étais trop curieuse... 

C'est ainsi qu'au lieu d'aller au parc comme souvent pour promener Trigger, tu te retrouvas en forêt. Ça t'arrivait régulièrement de l'y emmener le week-end. Rarement en cette saison. C'était loin et les racines verglacées sont toujours traîtres... Mais tu avançais cahin-cahant sur le sentier enneigé, serpentant entre les épaisses frondaisons des conifères.  Maugréant dans une barbe inexistante, tu regardais ton chien bondir joyeusement dans la poudreuse. Tu avais si froid que tu ne sentais presque plus tes pieds et ton nez dépassant à peine de ta grosse écharpe était plus rouge que celui de Rudolph. La buée que tu exhalais était cependant ta seule source de joie car tu te plaisais à contempler les volutes qui s'agitaient dans l'air. En peu de temps tu atteignis le point de rendez-vous. Ton premier indice fut un aboiement. Un aboiement de chienne suivi d'une réplique masculine. Cette dernière venait de Trigger. Et si Lilwen n'était pas loin, alors Chris n'était pas loin. Et en effet tu l'aperçus bientôt. Ni une ni deux, tu allas le rejoindre de ton pas énergique pour aller le serrer dans tes bras, tentant également de gagner quelque peu de chaleur dans cette accolade amicale

- Tu voulais me parler ?

[ les anglais sont pas très bise alors j'ai mis une accolade. Désolée de la qualité, le RP sur iPod c'est pas le luxe... ]

Je fis un effort considérable pour ne pas rire en voyant Faith arriver, emmitouflé comme pas possible. Elle semblait pire que frigorifié. Un peu de ma faute, je n'aurais pas du lui donner rendez-vous à cette heure-ci, et surtout ici. Mais vu le sujet, c'était mieux pour nous qu'il n'y ait aucune oreille indiscrète. Ils risqueraient trop gros. J'observais la miss. Je n'avais pas tellement remarqué le froid, apparemment je suis plutôt résistant à ça. Mais là...Avec son nez rouge et son air congelé, on aurait pu la confondre avec un mister freeze à la fraise...La blague n'aurait pu faire rire que moi, mais je ricanais comme un con. Sérieusement, j'étais heureux de la voir, et surtout de voir qu'elle avait pris la peine de venir. C'était mieux surtout pour elle, moi ça n'aurait pas réellement changé ma vie. Je jetais un coup d'oeil vers les bêtes. Chez eux aussi c'était "te frotte pas à moi". Trigger ne se laissait pas faire, Lilwen était têtue. Leur manège pouvait continuer encore longtemps avant que l'un ou l'autre ait le dessus. Je reportais mon attention sur Faith, qui s'est quasiment jetée sur moi pour une accolade en bonne et due forme. Dommage pour elle, je n'avais rien d'une bouillotte vivante. A y réfléchir, ça n'aurait rien d'étonnant si demain, j'avais la crève. La demoiselle vint enfin au vif du sujet. Oui, je voulais lui parler, mais je cherchais encore comment m'y prendre. Je passais ma main dans mes cheveux, les décoiffant davantage. Au point où ils en étaient remarque...Je soufflais un coup avant de déclarer très sérieusement.


Lâché d'une traite, ça faisait un peu "je préviens mais je m'en fous, je te fais la morale, tu obéis". Quoique, elle commençait à me connaître un peu, elle devait savoir que c'était surtout en tout amitié que je la prévenais. Si elle refusait d'arrêter, peut-être que j'insisterais encore un peu, voir beaucoup...Ca dépendrait d'elle. Je la dévisageais, curieux de voir comment elle réagirait. Je n'y étais pas allé avec beaucoup de tact, pour ne pas changer de mon habitude. Ca s'avérait presque vexant je crois. Je me sentais obligé de rajouter quelque chose, qui me faisait passer pour un vrai con.

"J'ai préféré te faire venir, parce que doué comme je suis, j'aurais réussi à faire une gaffe avec le portable."

Blague à deux balles qui fera rire personne, bonjour.